Je soupirais en regardant les feuilles et les livres éparpillées autour de moi. Je n’étais pas d’un naturel bordélique ni rien, cependant dès que je me mettais à travailler, je commençais à m’étaler. Et là, mon lit n’était plus un lit, mais un tas de feuilles géant. D’un côté, c’était rare que je travaille sur mon lit, je le faisais bien souvent à la bibliothèque. Je préférais nettement bosser en tailleur sur mon lit mais avec le passage régulier dans la chambre, c’était presque impossible de se concentrer. Et cette fin d’après-midi fut un miracle, chacun de mes colocataires avait déserté la chambre en m’annonçant de pas remonter avant ce soir. J’avais bien sûr sauté sur l’occasion pour m’installer avec mes cours sur mon lit.

La tranquillité de la chambre était bizarre. J’avais l’habitude des rires et des conversations chaleureuses dans cette pièce et là, rien. C’était le silence le plus absolu agrémenté de temps en temps par les petits hululements de ma chouette chevêche perchée sur sa cage juste à côté du lit et qui réclamait des caresses en me fixant de ses grands yeux ronds. On entendait aussi des bruits étouffés venant du bas, signalant qu’il y avait du monde dans la salle commune de la maison kenmei. Enfin, il y avait toujours du monde dans la salle commune, que ce soit pour travailler à plusieurs, pour discuter actualité ou des problèmes de chacun. J’imaginais que certains de mes colocataires allaient passé leur fin de journée là-bas.

Considérant que j’avais assez travaillé pour aujourd’hui, je me levai de mon lit pour me débarrasser en partie de mon uniforme. Je me laissai que ma chemise et mon pantalon, histoire d’être plus à l’aise. Je retournai sur mon lit pour aller m’allonger parmi les feuilles. J’avais plus du tout envie de m’occuper de ces cours et encore moins de les ranger. Alors jusqu’au  repas du soir, ils resteraient étaler sur mon lit. Lentement je changeais de position pour me retrouver en face de Nyx. Ma main passa dans ses plumes de longues minutes avant que je sente mes yeux papillonner. J’avais horriblement envie de dormir, et avec le calme de la chambre, ça aurait été bête de ne pas en profiter. Je laissais ma main caresser mon adorable chouette tout en essayant de m’endormir.

Alors que je me sentais presque partir dans un sommeil profond, un raclement de gorge me fit sursauter. Je me redressai en catastrophe pour découvrir Liang dans l’encadrement de la porte. Je sentis mes joues commencer à prendre feu et je doutais que dans quelques instants elles seraient rouges écarlates. Je rassemblai rapidement les feuilles qui traînaient pour les mettre dans un coin et faire de la place. Je frottai un peu les yeux encore embrumés par le sommeil. Puis je tapotai la place à côté de moi en souriant timidement à Liang pour l’inviter à s’asseoir. L’idée qu’il me tienne compagnie en cette fin d’après midi me plaisait bien. Et même si c’était assez stressant de se retrouver seul dans un pièce avec l’homme qu’on aime.