i'm blonde, i'm skinny, i'm rich, and i'm a little bit of a bitch ★
I : Alors, commençons Willow, si tu veux bien. Tu es la petite sœur de Anna, c'est bien ça ?
W : Oui ! On a six ans de différence, j'ai quinze ans et elle vingt-et-un.
I : Vous êtes proches toutes les deux ?
W : C'est le moins que l'on puisse dire ... Vous savez, je ne sais pas comment elle fait, mais Anna réussit toujours à avoir mille choses à faire, ses journées sont toujours trop courtes. Pourtant, depuis qu'on est petite, elle a surtout toujours mis un point d'honneur à ce qu'on passe beaucoup de temps ensemble. Je crois que c'est parce qu'elle a bien vu que nos parents étaient peu présents pour nous. Peut-être en a-t-elle souffert, elle n'en a jamais parlé, mais elle prend grand soin à être présente pour moi. C'est important pour nous deux.
I : Vous avez l'air très complices ?
W : J'ai cette chance oui (rires). Anna n'est pas une fille très ouverte à première vue, c'est pas évident de s'en faire une amie. Pourtant, elle n'a pas une once de méchanceté en elle. Elle est très douce avec les gens qu'elle aime, et je me souviens qu'enfant, elle voulait devenir médecin. C'est la mort d'un cousin dont on était proche qui l'a fait changé d'avis, parce qu'elle a commencé à haïr les hôpitaux. N'allez pas lui répéter que je vous l'ai dit bien sûr, elle déteste qu'on parle de ses faiblesses.
I : Comme tu l'as dit, elle n'est pas très ouverte ... tu sais pourquoi ?
W : Pas vraiment ... elle a toujours été comme ça. En vérité, aussi loin que je me souvienne, elle m'est toujours apparue comme une personne assez stricte et responsable. Elle est du genre à avoir une organisation militaire vous savez, je pense même que c'est obsessionnel chez elle ...
I : Dit comme ça, elle n'a pas l'air d'être drôle à côtoyer...
W : Attention, c'est absolument pas ce que j'ai dit ! C'est vrai que le fait de la voir fermée, stricte, froide, et tout ça, c'est pas très encourageant à première vue, mais en vérité elle en vaut la peine. Elle peut être très drôle des fois, et elle aime bien sortir également. Même si elle ne veut pas l'admettre devant moi, elle aime bien prendre des risques aussi. Un peu casse-cou, vous voyez ? C'est facile de passer du bon temps avec elle quand on prend le temps de la connaître.
I : Il parait que ta soeur a très mal pris le fait de devoir partir pour Wizasureru, comment expliques-tu cela ?
W :Et bien, Anna est très attachée à l'Angleterre, et à l'Europe en général ... Contrairement à moi, elle n'est absolument pas attachée à notre culture asiatique. Elle parle coréen bien sûr, ainsi que plusieurs autres langues, mais l'emploie extrêmement peu. Et puis, il y a aussi le fait que c'est une fille réfléchie, et selon elle ce n'est pas une bonne idée de rassembler des élèves de Poudlard, et d'autres de Wizasureru... D'autant plus qu'elle veut intégrer le ministère plus tard. Cette école, c'est un peu un coupe-gorge pour elle, mais elle n'a pas eu vraiment le choix. J'espère pour elle qu'elle parviendra à calmer son tempérament si elle doit faire face à des anti-Poudlard ...
I : Tu parles d'un fort tempérament, qu'entends-tu par là ?
W : Ma soeur est patiente, et diplomate, mais elle ne se laisse pas marcher sur les pieds. Si elle remarque quelqu'un l'insulter uniquement pour essayer de déclencher une réaction, il l'aura. J'ai un peu peur que ça lui attire des ennuis là-bas, mais je sais qu'elle saura y faire face.
I : Tu as l'air de lui faire confiance, n'est-ce pas ?
W : Si je devais confier ma vie à quelqu'un, ce serait à Anna. Elle est courageuse, et intelligente. Ses opinions et son franc-parler ne sont sans doute pas au goût de tout le monde, mais je sais qu'elle garde un bon fond, et ça c'est tout ce qui importe selon moi.
   



its my life ★
Je suis née une froide soirée de février. J'étais pas prévue au programme, en vérité ma mère avait fait ce qu'on appelle "déni de grossesse". Je pense qu'elle était trop prise par son travail qu'elle avait tout simplement oublié d'écouter son corps. Ainsi donc, quand j'ai commencé à pointer le bout de mon nez, c'était un peu la panique à bord. Heureusement pour moi, mon père était chirurgien. Plasticien, certes, mais au moins, il savait comment mettre un bébé au monde. Je dis heureusement, parce que ce soir-là, impossible de se rendre à l'hôpital tant il neigeait. J'ai vraiment eu une chance folle de tomber sur un père médecin. Moon Elijah. Ma mère, Moon Helena - nom de jeune fille, Kim - était cadre supérieur dans une grande banque londonienne. Vous voyez le tableau ? Très bien. Mes parents sont tous les deux sorciers, il allait donc de soi que j'allais l'être également. Je vois mal comment il aurait pu en être autrement de toute façon. Ma famille étant implantée depuis trois générations à Londres, c'était Poudlard qui m'attendait. Ma vie était tracée, je ne me suis jamais plainte.

Six ans après moi naissait Moon Willow, ma petite sœur, mon bien le plus précieux. Elle est née en mois de juillet, après neuf mois de grossesse assumée par ma mère. Tout mon contraire non, mais je l'ai aimé à l'instant où j'ai posé les yeux dans son petit berceau. Au début pourtant, je ne voulais pas d'une petite sœur. Mes parents étaient déjà suffisamment peu présent pour moi, pourquoi devrais-je partager ces instants précieux avec un bébé ? Il s'est très vite avéré que rien ne changea, à part mon point de vue. On peut dire que je fus une grande sœur modèle, apprenant plein de berceuses pour pouvoir endormir Willow quand elle pleurait. Au final, elle connaissait mieux mon visage que celui de notre mère. Rien de bien surprenant me direz-vous.

Mes premières années de vie furent sans encombre. J'étais une petite fille fraîche et pétillante, même si j'ai toujours eu la tête sur les épaules. Je voulais devenir médecin. Pas comme papa, mais plutôt le genre de médecin qui sauve des vies. J'en parlais à tout va, et les gens me souhaitaient bien du courage. Mon principal supporter, c'était mon cousin, Kim Nathan. Tous les deux, nous étions extrêmement proches. Nous avions dix ans à peu près lorsqu'on a déclaré - de façon très solennelle - que nous étions les meilleurs amis du monde. Il était fils de sorciers lui aussi, et nous sommes tous les deux rentrés à Poudlard l'automne de nos onze ans. Je ne devrais sans doute pas parler de ce qui va suivre, ni même y repenser avec le sourire, mais nous ne sommes pas restés amis bien longtemps. Une dispute ? Oui, le jour où - à l'aube de mes treize ans - il m'a embrassée. C'était mon cousin, il n'avait pas le droit ! Allez donc dire ça à l'enfant stupide et têtue que j'étais. Je ne l'ai pas repoussé cette fois-là, ni aucunes de celles qui suivirent. Il va de soi que cela était notre petit secret, que personne n'était au courant. Nos parents étaient ravis de voir que l'on s'entendait si bien, c'était tout.

Chaque été, nous rentrions bien sûr à la maison pour y passer les vacances. Et c'est l'été de nos quatorze ans que cette idylle aussi fragile était-elle fut brisée. On aurait simplement pu être découverts par nos parents, sévèrement réprimandés, interdits de se revoir, ce genre de mesures qui auraient été plus que légitimes. Mais c'est la vie, ou plutôt la mort, qui a décédé de s'en mêler. Un camion, rien que ça. Qu'est-ce qu'un gamin de quatorze ans peut faire pour lutter contre ça ? Pourtant, il n'est pas mort sur le coup, on a même cru qu'il s'en sortirait. Comment cela était-il arrivé ? Il avait voulu rattraper son chien qui s'était élancé sur la route alors qu'il avait une patte cassée. Le chien n'a rien eu. Il vit encore d'ailleurs, bien qu'il soit devenu un vieil emmerdeur à moitié aveugle et obèse. Je suis heureuse qu'il vive, que le sacrifice de Nathan n'ait pas été vain, même si son père a bien failli tuer l'animal sous le coup de la colère. J'allais rendre visite à Nathan tous les jours, pendant deux semaines. Il a finalement succombé à une septicémie. Je n'ai plus jamais reparlé de devenir médecin. Encore heureux, il faudrait me tirer par les cheveux afin que je rentre dans un hôpital.

Je crois que c'est à partir de ce jour-là que j'ai vraiment cessé d'être sociable, enfin, si j'en crois ma sœur. La vérité c'est que je hais l'idée de pouvoir perdre quelqu'un que j'aime. Seulement, je suis impuissante face à la mort, donc je me contente d'aimer le moins possible. Ce n'est pas toujours facile bien sûr, mais c'est la seule parade que j'ai trouvé.

J'ai donc terminé mes classes à Poudlard, et j'en ai été diplômée sans trop de difficulté. J'avais commencé un stage dans un bureau d'avocats dans le chemin de traverse avant la fusion des deux écoles. Je ne rechigne pas particulièrement à l'idée de reprendre des cours, mais c'est l'endroit qui me déplaît le plus. Néanmoins, ce n'est jamais qu'une occasion de me forger une vision différente de la magie, je suppose. C'est en tout cas comme cela que j'essaie de voir les choses.